[Maison Benoist-Guyard]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0759 FIGRPT0061 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
description Adresse de prise de vue : Halle de Lyon, 102, cours Lafayette, Lyon 3e.
historique [...] L'art de l'épicerie, malheureusement, est un art qui se perd depuis l'avènement des grandes surfaces ! Aussi convient-il de se tourner vers son plus sympathique patriarche, profondément sensible aux contacts humains. Marius Guyard s'installa il y a plus d'un demi-siècle, en 1924, au no.8 du cours Lafayette, venant de Lagnieu où ses parents étaient épiciers... Puis, en 1937, il fit l'acquisition de la célèbre épicerie Benoist, 12, rue Emile-Zola, fondée en 1879. De sorte qu'il adopta pour ses deux maisons la raison sociale "Benoist-Guyard", étendue en 1975 à son troisième établissement : celui de la Halle de Lyon. A noter que la succession de cette florissante entreprise familiale est assurée notamment par son gendre, Georges Benoist, époux d'Andrée Guyard, et neveu du fondateur de l'épicerie de la presqu'ile ! Ce qui prouve que Dieu possède un doigt, comme l'a formulé Georges Forest dans la "Négresse Blonde". Cela dit, il est infiniment agréable de bavarder, rue Emile-Zola, avec le bon "Monsieur Marius", au sein d'un décor où tout est minutieusement ordonné, digne d'un inventaire balzacien. Ici, le département des eaux-de-vie et des vins rares, des bordeaux grands bourgeois, des portos de trente ans d'âge... Plus loin siège toute l'armada des conserves hors-série : confitures exotiques, tortillas mexicaines (à servir avec la téquila en prélude aux réveillons), spécialités grecques, sardines vénérables mûries dans l'huile d'olive, etc. Quelle magique avant-garde pour les épices et les aromates étranges que l'amateur découvre avec ravissement : les sauces anglaises, les condiments allemands, les japonaiseries, le poivre rouge du Brésil, les moutardes et tant d'autres éperons de bouche signés "Fortnum et Mason" (les distingués fournisseurs du palais de Buckingham). J'appris pour la circonstance qu'à l'image des trois mousquetaires, qui étaient quatre, les fameuses "quatre épices", si fréquemment utilisées en cuisine, étaient en réalité au nombre de cing : girofle, muscade, poivre noir, piment doux et cannelle ! Saviez-vous encore, ajoute Marius Guyard, que Lyon fut le berceau de l'épicerie française au Moyen Age ? Et que Grimod de la Reynière y tint boutique 14, rue Mercière (dans une maison aujourd'hui rasée par les bulldozers) en 1792... L'illustre Grimod s'était fait le champion des denrées exotiques et des cochonnailles ! Si bien que, pour ne pas être en reste, Marius Guyard a opté à son tour pour un rayon de saucissons secs des Monts du Lyonnais. Enfin, comme à la Belle Epoque, notre bénédictin de l'épicerie fine torréfie son café, conditionne son riz reçu de Madagascar, met ses pâtes alimentaires en paquets, et fournit les estomacs délicats en plantes médicinales. Chapeau. Quel métier passionnant et divers pour les jeunes en mal de vocation, à condition toutefois de ne pas avoir les veux fixés constamment sur la pendule ! Source : "Marius Guyard" / Félix Benoît in Métropole, no.92, décembre 1978.
historique L'épicerie Benoist-Guyard de la rue Emile-Zola ferme ses portes fin juillet 1985.
note bibliographique Lyon Figaro, 26 décembre 1986, p.25 ; 19 janvier 1988, p.33.

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